Fours à bois et à gaz : gare au monoxyde de carbone

L’intoxication au monoxyde de carbone est responsable d’une centaine de morts par an en France.

C’est un gaz inodore, invisible mais hautement toxique. L’exposition à de fortes concentrations de monoxyde de carbone peut même s’avérer mortelle. Un risque dont les boulangers ne sont pas exempts.

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La vie ne tient parfois qu’à un fil. Installé dans le village de Saint-Gervais-en-Belin (Sarthe), Frédéric Houdayer cuit ses pains biologiques au four à bois depuis 2017. Sans problème notoire, jusqu’au lundi 16 décembre 2024, date de sa première fournée avec des bûches compressées (ou bois densifié), « des briquettes à base de sciure et de copeaux compactés sous haute pression », précise l’artisan, qui consomme cinquante stères de bois par an. « Mais le prix du stère [un mètre cube de bois, NDLR] a augmenté ces dernières années. De plus, le bois requiert beaucoup de manipulations chronophages. Et la pluie ne favorise pas son séchage. Plus il est humide, moins bon est son rendement. » Autant d’arguments qui l’incitent à trouver une alternative offrant de meilleures performances. « Plus sèches, les bûches densifiées présentent un haut pouvoir calorifique. »

Les signes d’intoxication au monoxyde de carbone : mal de tête et nausées

À 17 h, il lance donc la chauffe de son four avec son nouveau combustible. « C’est une phase de grande vigilance, en vue de suivre la montée en température tout en finalisant les pains », explique l’artisan qui remue fréquemment le foyer pour accélérer cette montée, plus lente qu’à l’habitude. À 20 h 30, il enfourne ses premiers pains avec le cœur qui bat à cent à l’heure et un mal de tête latent. Il met cela sur le compte de la fatigue des Fêtes. Dans le labo voisin de la salle de chauffe, sa compagne et collègue ressent les mêmes symptômes, qui croissent en intensité et s’accompagnent bientôt de nausées. Une fois la moitié des pains défournés, ils stoppent tout, aèrent l’atelier et appellent les urgences. « Le médecin nous a recommandé de sortir et d’attendre les pompiers », qui arrivent dix minutes plus tard et les conduisent à l’hôpital où ils passeront la nuit ; Frédéric sous respirateur, pour cause de concentration élevée de monoxyde de carbone (CO) dans le sang, conséquence d’une forte exposition au gaz pouvant générer des séquelles neurologiques.

Comment éviter les intoxications au monoxyde de carbone ?

Comment se prémunir d’une telle intoxication, responsable d’une centaine de morts par an en France ? En sachant que le CO à faible concentration peut aussi entraîner des intoxications chroniques qui passent souvent inaperçues, mais dont les effets cardiovasculaires sont importants à long terme. « Les fours boulangers à bois et à gaz sont concernés par ce risque », indique Bruno Courtois, expert d’assistance conseil à l’Institut national de recherche et de sécurité pour la prévention des accidents du travail et des maladies professionnelles. Premier poste de vigilance : « L’installation, à réaliser dans le respect des normes en vigueur. Comme une chaudière, le four doit ensuite être correctement entretenu. » Fabricant de fours à bois dans la Drôme, Le Panyol préconise deux ramonages par an. Autres points clés : un conduit d’évacuation conforme à la norme française DTU 24.1, ainsi qu’une ventilation suffisante de son local.

Directeur de Le Panyol, Nicolas Pivard insiste sur « l’évacuation impérative des braises et des cendres à l’extérieur à chaque chauffe : ce sont souvent celles-ci qui, continuant à se consumer dans de mauvaises conditions, produisent du monoxyde de carbone ». L’un des problèmes identifiés après coup par le boulanger Frédéric Houdayer qui a depuis installé un détecteur dans son labo. « Pourquoi pas mais, dans ce cas, opter pour un modèle professionnel, en vérifiant régulièrement son fonctionnement », suggère l’expert d’assistance conseil Bruno Courtois. Quant aux combustibles à utiliser, « ne pas hésiter à questionner son équipementier », ajoute Nicolas Pivard, qui ne recommande pas le bois densifié.

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